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dimanche 23 novembre 2014

Le Bataillon des sans-amours -The Mayor of Hell, Archie Mayo (1933)

Des politiciens véreux récompensent le gangster Patsy Gargan (James Cagney) en le nommant au poste d’inspecteur général d’une déplorable maison de correction pour garçons fugueurs. Un job tranquille, où il ne devrait pas rencontrer de problèmes. D’abord indifférent à la condition de ces enfants, Patsy retrouve progressivement en eux une part de lui-même et de sa propre enfance dans les bas-quartiers. Il décide alors de défier tout le monde, et de réformer l’institution pour offrir à ces gamins les opportunités qu’il n’a jamais eues. Pourtant, toute sa bonne volonté pourrait souffrir des conséquences de sa vie criminelle…

The Mayor of Hell offre une rencontre étonnante entre le drame adolescent sur fond de délinquance juvénile et le film de gangster alors en vogue en ce début des années 30. Le second aspect est uniquement représenté par le personnage de James Cagney qui offre ici un visage humain et une sorte de rédemption à ses rôles de durs à cuire. Le film débute dans le drame urbain où l'on découvrira les méfaits d'une féroce bande de voyou en herbe mené par le teigneux Jimmy (Frankie Darro). Intimidant et violent, ils nous apparaissent là comme de véritables fauves en liberté dont les actes révolteront à l'image de ce vol d'épicerie où ils brutalisent le commerçant. Rapidement capturés par la police, la raison de leurs comportements s'expliquera bientôt de manière drôle et pathétique. Le défilé des parents devant le juge représentent un panorama des défaillances qui auront amenés ses jeunes à être livrés à eux même : alcoolisme, illettrisme, travail harassant...

Seule solution pour la plupart de la bande, un envoi en maison de redressement où le traitement à la dure les rendra pire encore qu'avant leur séjour. Un élément perturbateur va pourtant venir troubler cette tragédie ordinaire annoncée. Le gangster Patsy Gargan, nommé à un poste fictif de recteur de la maison de correction va ainsi s'intéresser au destin de ces laissés pour compte. Tout comme dans leurs familles dysfonctionnelles, les travers des adultes les poussent dans une spirale destructrice avec un directeur adepte du châtiment corporel et s'enrichissant en sous-alimentant les détenus.

Gargan par attirance pour l'infirmière idéaliste Dorothy (Madge Evans) mais aussi se reconnaissant en ces jeunes révoltés va tenter de changer les choses. Le regard est aussi utopique, idéalisé et positif dans l'approche plus humaine et pédagogique qu'il va loin dans la noirceur lorsque la méthode n'est que répressive. A travers un fonctionnement en autogestion et une sorte de république organisée des adolescents et supervisée par Gargan, les délinquants vont ainsi se responsabiliser et montrer un visage bien plus attachant.

Le film manque un peu de finesse en étant excessif dans les deux approches (toute trace d'autorité disparaissant totalement dans l'approche de Gargan et aucune humanité ne s'exprimant dans le côté plus cadré), la maison de correction passant du vrai pénitencier au monde parfait, certains rapport entre personnage faisant preuve d'une même simplicité (Madge Evans craquant pour Cagney dès qu'il adopte ses idées).

Cependant la conviction de Cagney fait mouche, déployant l'énergie et le charisme de ses rôles de gangster sous un jour plus lumineux (même si un écart de violence viendra montrer le monde d'où il vient) compréhensif et psychologue sous son ton gouailleur. Le final offre le même grand écart avec une conclusion apocalyptique contrebalancée par une résolution à la naïveté confondante où la bonne volonté et la compréhension peuvent résoudre tous les obstacles de la société.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacrée au Pré Code

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