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dimanche 16 décembre 2012

Par-dessus les moulins - La Bella mugnaia, Mario Camerini (1955)


Au XVIIe siècle, le gouverneur Don Théophile convoite la belle meunière Carmela, femme fidèle de Lucas. Il fait arrêter ce dernier et se rend chez la belle qui le berne. Lucas s'échappe et, se croyant trompé, se rend chez la femme de Théophile...

Par-dessus les moulins est une des premières associations d'une des saintes trinités de la comédie italienne avec réunis ici Vittorio De Sica et le couple Sophia Loren/Marcello Mastroianni. Les choses sérieuses ont surtout commencé l'année précédente avec leur premier film en commun le formidable Dommage que tu sois une canaille d' Alessandro Blasetti et les chefs d'œuvres arriveront une fois Vittorio De Sica (seulement acteur ici) de retour derrière la caméra avec les joyaux que sont Mariage à l'italienne ou Hier, Aujourd'hui et demain. Sans atteindre ses sommets, La Bella mugnaia est une fort plaisante comédie populaire typique des années 50 par son détachement des réalités, son cadre historique chatoyant et son romantisme désuet.

Nous sommes au XVIIe siècle, dans la province napolitaine alors occupé par l'Espagne. Les paysans ont la vie dure, accablés par les impôts du cupide gouverneur Don Téofilo (Vittorio De Sica) prêt à inventer une nouvelle taxe pour tous les motifs possibles et imaginables (la taxe sur la consommation du mariage, sur la pluie). Tous les paysans ne sont pas soumis au même régime, certains contournant ces abus par la ruse. C'est le cas du meunier Luca (Marcello Mastroianni) et de sa femme Carmela (Sophia Loren) dont la roublardise n'a aucune limite. La gouaille et le baratin de Luca associé au charme ravageur de Carmela embobinent systématiquement les notables de la région qui leur accordent divers passe-droits suscitant la jalousie du voisinage et lançant des rumeurs peu flatteuses sur la vertu de Carmela. Un jeu dangereux qui va provoquer la zizanie dans le couple, autant par les largesses de Luca trop confiant et pas assez jaloux au goût de Carmela et surtout du désir pressant de Don Teofilo qui va monter un odieux stratagème pour passer enfin un moment seul avec la belle meunière.

On navigue ici dans du joyeux vaudeville rondement mené par Mario Camerini. Le début amuse beaucoup avec le ton misérabiliste contrebalancé par un Mastroianni arrogant et arnaqueur se jouant de toutes les taxes, Sophia Loren regard de braise, buste en avant et jambes de rêves (la cultissime scène où elle fait de la balançoire argument de vente du film) tournant la tête des nantis qu'ils invitent chez eux avec les provisions que ces derniers leur ont gracieusement fournis.

Cette association se fait pour le meilleur tant on ne doute jamais de l'amour sincère du couple explosif avec deux acteurs au sommet de leur art, Mastroianni emporté et touchant et Sophia Loren étincelante dans son grand emploi de début de carrière, l'italienne issue de la classe populaire colérique, agaçante et adorable. Le monde extérieur les rattrape pourtant d'abord par la rancœur et la médisance de leur entourage (hilarante scène de bagarre féminine en place publique) puis par ses notables souhaitant profiter à leur tour des avantages qu'ils prodiguent avec un Vittorio De Sica tordant en gouverneur pleutre et imbu de lui-même. Quiproquos, faux-semblants et retournement de situations sont légions tout au long du récit mais bien sûr la morale sera sauve dans cette comédie italienne encore sage du milieu des années 50. On passe néanmoins un très bon moment notamment grâce à la mise en scène enlevée de Camerini et au technicolor ensoleillé de Enzo Serafin qui évitent de figer dans une touche trop théâtrale l'ensemble (costumes et décors de Guido Fiorini sont au diapason). Très agréable moment donc !

Sorti en dvd zone 2 français chez Opening

Extrait

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