Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 26 novembre 2012

Le Renard du désert - The Desert Fox: the Story of Rommel, Henry Hathaway (1951)


De la bataille d'El Alamein jusqu'à sa mort en septembre 1944, décidée par Hitler, le portrait du maréchal Erwin Rommel, qui participa au complot contre le dictateur.

Henry Hathaway signe un très intelligent biopic de Rommel, général allemand à l'aura légendaire et responsable de hauts faits notamment durant la campagne d'Afrique du Nord. Le scénario de Nunnally Johnson choisit les angles adéquats pour ne pas détourner le public de celui qui fut pourtant un des favoris d'Hitler et un outil de la propagande nazie grâce à ses victoires. Le film s'attardera donc sur la facette chevaleresque et quasi mythique qu'incarnait Rommel, autant pour les alliés qu'il mena à la victoire grâce à ses talents de stratèges qu'à ses ennemis auxquels il inspirait le respect, et en premier lieu Winston Churchill qui lui consacra une fameuse tirade citée en fin de film.

We have a very daring and skillful opponent against us, and, may I say across the havoc of war, a great general.

Malgré son appartenance au régime nazi et sa dévotion à Hitler, Rommel était l'archétype du soldat respectueux des règles du combat et en ne participant pas à la campagne du Front Russe l'un des rares généraux allemands à n'avoir commis ni crime de guerre, ni crime contre l’humanité. C'est cette aura que cherche à capturer Hathaway dans un long prologue le présentant tour à tour comme une légende et un adversaire valeureux. Cette crainte est signifiée par l'ouverture voyant la mission avortée d'un commando britannique pour l'assassiner (et cette superbe transition où un soldat mourant demande s'ils ont réussi, un allemand lui riant au nez avant que tonne le générique d'ouverture) puis sa noblesse lorsqu'il contredit un subalterne obligeant un prisonnier à traverser le champ de bataille avec un drapeau blanc.

Ce prisonnier, fasciné par l'allure de cet homme qui vient de le sauver sera notre guide puisqu'il sera le biographe de Rommel la guerre passée (et en fait Desmond Young officier de l'armée indienne qui croisa effectivement Rommel durant la campagne d'Afrique du Nord) dans une narration solennelle et informative assuré en voix off par Michael Rennie.

Le champ de bataille se réduit dans l'ensemble à des stock-shots très impressionnant (notamment celui où l'on voit les bombardements du débarquement depuis le ciel) mais c'est bien aux postes de commandements que tout se joue. Là le "Renard du désert" va constater toute son impuissance dans une Allemagne en déliquescence et proche de la défaite à travers les ordres insensé arrivant de Berlin.

L'atmosphère de désillusion, de fin de règne et les échanges désabusés traduisent bien l'amertume des officiers comprenant qu'ils sont menés par un tyran fou les menant à leur perte (dont les positions stratégique et l'option pour le débarquement décidé par les astrologues d'Hitler...). Rommel incarné avec prestance et compassion par un grand James Mason apparaît ainsi comme un soldat d'un autre temps. Respectueux de l'uniforme et du chef au point de n'oser le remettre en question bien qu'il le désapprouve. Le film exprime ainsi une hypothèse (pas forcément prouvé) du soutien de Rommel au complot visant à assassiner Hitler le 20 juillet 1944 (et dépeint minutieusement dans le récent Walkyrie de Bryan Singer même si la scène d'attentat est reconstitué ici aussi).

Tout tient dans la formidable prestation de James Mason, subtile et sensible avec cet homme dont les qualités deviennent des défauts dans une nation lobotomisé. L'entrevue finale où il accepte son terrible destin face à un pantin SS endoctriné est des plus marquantes, tout comme les adieux à son épouse (formidable Jessica Tandy) en conclusion sobre et intense. On n'aura finalement peu vu Rommel du temps de sa splendeur et de ses victoires mais le regard que posent sur lui Hathaway et Nunally Johnson, le visage que lui donne James Mason et le discours final repris de Churchill suffisent à convaincre de la hauteur du soldat.

Sorti en dvd zone 2 français chez Fox 

 

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