Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 1 septembre 2011

Sang et Or - Body and Soul, Robert Rossen (1947)

A la veille d'un match truqué, le boxeur Charlie Davis est assailli par le souvenir d'un certain "Ben". Troublé, il se rend chez sa mère qui le repousse puis visite une chanteuse de cabaret. Dans le vestiaire, toujours sous le choc, il tente de recouvrer ses esprits et repasse en revue sa carrière.

Body and Soul est un des films manifeste d'une nouvelle génération d'artiste à Hollywood qui par leurs ancrage ethnique et social (John Garfield une fois la notoriété venue systématiquement associé à un personnage juif de basse extraction) et leur expérience de la crise des années 30 ainsi que leur sensibilité de gauche orienteront leurs films dans une direction plus ouvertement politisée et engagée que leur prédécesseur. Cette vague sera bientôt brisée par le Maccarthysme mais donnera néanmoins quelque grands films. On retrouve ici deux futurs blacklistés avec Abraham Polonski (qui passera à la mise en scène suite au succès du film) au scénario et l'acteur emblème du mouvement John Garfield. 


L'authenticité des milieux prolétaire dépeint, le récit en forme de déchéance et de rédemption et la dimension morale anticipe grandement le Raging Bull de Scorsese (qui a toujours relevé l'influence de Polonski sur son travail) même si Sang et Or est néanmoins typique de son époque avec sa structure en flashback et la photo James Wong Howe lorgnant sur le film noir. On peut également penser à Rocky (le final qui rappelle beaucoup celui du premier volet) puisque malgré la noirceur on est plus proche de la bienveillance du film d’Avildsen que du nihilisme désespéré de Scorsese.


L'histoire dépeint donc l'ascension et la chute de Charlie Davis (John Garfield), gamin du cru qui ne voit que ses poings comme échappatoire à sa condition. John Garfield transpire l'authenticité en jeune loup qui en veut et l'empathie est immédiate à travers les différents drames traversés, les difficultés à joindre les deux bouts et l'environnement hostile parfaitement saisi par la caméra de Rossen. 


La personnalité farouche de Charlie sera aussi positive dans sa rage pour gravir les échelons et brise ses adversaire sur le ring que négative lorsque grisé par l'argent et les tentations diverses il ne saura écouter ses proches (excellente et touchante Lili Palmer en fiancée déçue, tout comme Anne Revere en mère clairvoyante) lorsqu'ils l'avertiront des liaisons dangereuses qu'il entretient désormais.Le film est ainsi très sombre dans sa description des basses manœuvres de la pègre pour qui les boxeurs ne sont que de la chair à canon sacrifiée sur l'autel des paris clandestin, ce dont Charlie profitera malgré lui et sera la victime également.

Surnommé le "Gabin du Bronx" à ses débuts, on peut dire que Garfield mais Polonski aussi entretient l'analogie avec la France tant le final positif et rédempteur peut faire penser à ceux qu'on trouvait dans le cinéma du Front Populaire où malgré les obstacles et la noirceur l'espoir et venait à bout de tous les obstacles. C'est donc également le cas ici avec un époustouflant et long combat final (tous les autres auront été volontairement elliptique car sans enjeux pour nous préparer à celui-ci) où la réalisation tout en mouvement de Rossen, l'engagement physique de Garfield et le crescendo dramatique intense le voit enfin retrouver son honneur et vaincre ses démons. Une superbe conclusion, rageuse et poignante.

Disponible en zone 2 français chez Wild side

Extrait des dix premières minutes

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