Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 21 décembre 2010

Sept jours en mai - Seven days in may, John Frankenheimer (1964)


Le général américain James Mattoon Scott (Burt Lancaster), hostile à un traité de désarmement nucléaire avec la Russie, projette de renverser le gouvernement des Etats-Unis. Son bras droit, le colonel Casey (Kirk Douglas), pressentant le danger, décide d’avertir le Président.

Après son magistral Un Crime dans la tête, Frankenheimer offrait là son second très grand thriller politique avec cette oeuvre visionnaire puisque anticipant autant l'esthétique du cinéma paranoïaque des 70's que les soubresauts politiques bien réels des décennies à venir.

L'histoire (situé dans un futur proche) dépeint une société américaine sur des charbons ardents car divisées par la décision de son Président (Fredric March) de mettre un terme à la Guerre Froide en signant un traité de désarmement nucléaire avec la Russie. La scène d'ouverture du film montre d'emblée un pugilat devant la Maison Blanche entre manifestants pour et contre la réforme dans le style sec du réalisateur faisant écho aux manifestations anti Vietnam de l'époque.


Le parti pris du film est intéressant puisque au sortir du Mcarthysme probablement beaucoup de spectateurs américains partageaient les idées du personnage de général dissident incarné par Burt Lancaster. Frankenheimer évite donc le cliché d'en faire un fou exalté mais au contraire un être glacial froid, calculateur et parfaitement conscient de ses actes. On ne peut d'ailleurs s'empêcher de faire le rapprochement avec les méthodes récentes d'un Bush pour rallier l'opinion a sa cause en invoquant Dieu et le drapeau américain lors d'une scène de meeting télévisé. Le sentiment d'insécurité des américains face aux dangers du monde et les extrêmes qu'il provoque fait également miroir à une actualité proche soulignant les comportements adoptés en périodes politique troublée. Presque tout les personnages sont entourés de cette dimension ambiguë, notamment Kirk Douglas qui mettant à jour le complot va dénoncer son supérieur Lancaster (dont on découvrira qu'il soutient les idées et qu'il admire) au Président du fait que celui ci veuille bafouer la constitution par son coup d'état.

De même son attitude face à Ava Gardner (déjà un peu fanée et d'autant plus émouvante) qu'il est contraint de manipuler est largement discutable même si pour la bonne cause. A l'opposé de ses figures d'ombres et lumière, le Président joué par Fredric March est une des incarnations les plus droites vue dans cette fonction dans un film américain. Profondément croyant en ses idées mais toujours dans le doute quant au méthodes, il refuse même dans les dernières minutes de commettre un acte révoltant qui lui aurait permit d'obtenir un avantage décisif.

Le scénario est dû au créateur de La Quatrième Dimension Rod Serling et sa patte est largement identifiable. La première partie distille minutieusement les indices du complot en marche à travers la suspicion naissante chez Kirk Douglas face à des faits étranges : l'existence d'une base militaire d'entraînement absente des budgets officiels, la connivence étranges entre les sénateurs les plus radicaux et Lancaster, l'importance acquise par un simple exercice d'alerte. Frankenheimer dans une mise en scène sobre et finalement claustrophobe et étouffante distille un suspense discret et sans morceaux de bravoure spectaculaire par la simple tension sous jacente qui se dégage des multiples faux semblants et mensonges. La seconde moitié est ainsi un jeu d'échecs diabolique sous forme de compte à rebours où le Président et son équipe doivent déterrer les indices quelque jours avant la tentative de coup d'état, la tentative étant choisi à un moment où le président est isolé.

Les péripéties se limitent quasiment uniquement à des échanges entre personnes assises à leurs bureau sans que l'ennui ne s'installe jamais et le tout s'avère passionnant de bout en bout. On en arrive au sommet du film avec la joute verbale opposant Fredric Marc à Burt Lancaster, ce dernier perdant soudain son masque pour dévoiler toute sa mégalomanie. Casting brillant (et qui montre une nouvelle fois le flair incroyable de Kirk Douglas ici producteur), thème audacieux et mise en scène inspirée (et quel montage de Ferris Webster déjà à l'oeuvre sur Un Crime dans la tête) un des très grands films de Frankenheimer.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner et disponible dans la collection Fnac

1 commentaire:

  1. Très grand film en effet, à la mise en scène remarquable. Je l'ai découvert il y a peu en DVD, et j'ai été fasciné dès la première scène de manifestation, superbement filmée.
    Burt Lancaster dont je ne suis pas très fan est tout à fait juste, tout comme Ava Gardner. Seul Kirk Douglas (un de mes acteurs préférés) est légèrement absent (le rôle l'exige). Pourtant il fut investit dans le film, il en parle beaucoup dans ses mémoires.

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